mardi 9 avril 2013

Run 350 – Edition 2013



Je vous l’ai sans doute déjà dit auparavant, les Singapouriens se sont pris d’un engouement pour les courses. Marathons, 21km, 10km, 5km, il ya en a pour tous les gouts. Et même des courses spéciales Kids.
Malgré la chaleur et l’humidité, ces courses rassemblent de plus en plus d’adeptes. Il faut s’inscrire longtemps à l’avance (parfois presque 9 mois à l’avance, notamment la plus réputée de Standard Chartered en décembre) pour être sur d’avoir son dossard.
J’essaie de m’inscrire à 2 courses par an. En deux clics sur leurs très jolis sites internet ainsi que votre numéro de carte de crédit, vous voici affublé de votre numéro d’enregistrement. 4 mois ça fait loin, vous pensez avoir le temps de vous entrainer, vous prévoyez un planning progressif et régulier pour vous mettre en condition. Sauf que le temps passe vite et tout à coup vous recevez un SMS vous indiquant qu’il faut déjà aller chercher votre t-shirt et dossard car la course est dans 2 semaines. DEJA ! MAIS JE NE SUIS PAS PRETE !


Et là vous vous cherchez des excuses: je suis fatiguée, les dernières vacances sont loin, je n’ai plus le temps de m’entrainer, tant pis si je ne fais pas un bon temps.
2 jours avant, ça devient:” j’irai, même si je ne parviens pas à faire les 10km”.
Et puis la veille au soir, en puisant au fond de votre bonne volonté, vous parvenez à un maigre: “mon objectif est de me lever et de me présenter sur la ligne de départ”.
Ce qui n’est déjà pas mal au final, sachant que vous allez devoir vous lever à 5h45, vous préparer en 30min, vous rendre à pied au point de rendez-vous (compter 30min) car les accès par le bus ont été fermés pour la course, et être dans les starting blocks à 6h50.


Mais au petit matin, alors qu’il fait encore nuit, ça devient plus facile. Personne dans les rues, hormis quelques noceurs de la veille qui rentrent chez eux. Les buildings sont encore illuminés, il fait frais (28C ! – oui comparé aux 34C de la journée, c’est frais), la ville est calme et reposante. Au loin j’entends déjà le speaker dans son micro. La fête a déjà commencé. Comme à chaque fois, ces événements sportifs sont très bien organisés et on se prend vite au jeu.


J’arrive dans la zone réservée pour la course, à l’esplanade, tout proche du “Durian” (les deux dômes de salles de spectacle). Le QG a été basé au “Floating”, grand espace flottant devant le bassin de MBS (l’hotel-bateau pour ceux qui sont un peu perdus).

Deux hommes en maillots oranges me doublent en sprintant. Serais-je en retard ? Non j’ai encore une bonne marge pourtant. Ah desolée, ce sont les 2 premiers participants aux 21 km qui arrivent sur la ligne d’arrivée. Ils auront mis 1h19 min ! Bravo les gars !

 Je continue et je suis le flot des “T-shirts oranges”. On dirait une ruche d’abeilles: tous pareils, tous motivés par un même objectif. Seule la couleur des baskets nous différencient. Passés l’esplanade, nous avançons vers le Flyer, la grande roue. La musique sort à plein volume des enceintes pour finir de nous réveiller et faire monter l’adrénaline. Premier gong, on ouvre les barrières pour l’accès à la ligne de départ. 

Les participants se serrent les uns aux autres. Les plus ambitieux slaloment pour gagner quelques places. Certains piétinent pour s’échauffer. Une majorité de Singapouriens bien sur, mais toutes les nationalités sont présentes. J’aime bien ce sentiment d’égalité dans ce genre d’évènement sportif. Chacun à sa chance quelque soit son pays de naissance, sa culture, sa religion. Pas de discrimination. Bon malgré tout, vous en conviendrez avec moi, si vous êtes Kenyans, encore jeune et en bonne forme, vous aurez plus de chances de finir premier que les autres ϑ.

L’animateur s’époumone toujours dans son micro, annonçant un départ imminent, nous intimant de souhaitez bonne chance à nos voisins, nous motivant “Put your hands up in the air”,…
Et GONG ! le départ est lancé !
Ah bon, mais personne ne bouge ?? Si, si ça bouge devant, mais faire démarrer les 11,000 participants, ça prend un peu de temps. Je commence à marcher et ce n’est qu’au bout d’une longue minute que je franchis la ligne de départ. 
Il fait toujours nuit. C’est parti pour plus d’une heure de course. Mais finalement unis dans le même challenge, la course prend tout son sens. On se sent grisés. Les premiers kilomètres, on tente de prendre son rythme. Pas facile de slalomer entre les participants, d’éviter ceux qui se sont inscrits alors même qu’ils ne peuvent courir que le 1er kilomètre avant de s’arrêter. Et c’est là que ça me plait aussi, chacun peut participer à cet événement social sans être vraiment un grand sportif.


Les 2 premiers km sont toujours fastoches. C’est amusant d’observer la manière de courir des autres. Les petits jeunes qui sprintent dès le départ (on les retrouvera vite en train de marcher à bout de souffle), les plus habitués, super équipés et concentrés sur leur respiration, les nanas qui sont la pour courir entre copines et qui ne s’arrêteront pas de papoter tout le long du parcourt (chapeau les filles, pas évident de courir et de parler en même temps) (vous l’aurez deviné, les nanas étaient françaises !), un jeune couple de Singapouriens, lui très en forme, a passé son temps à prendre de l’avance – se positionner pour prendre sa dulcinée en photo- et ensuite la rattraper, jusqu’à ce que la demoiselle abandonne au bout de 3km et il s’arrêtera avec elle pour lui tenir la main – Ah c’est beau l’amour !

Ce dimanche matin est plutôt propice à la course, il n’y a pas de soleil et même quelques gouttelettes nous rafraichissent. Croisons les doigts pour que ca ne se transforme pas en déluge.
Mes petites jambes continuent docilement de me rapprocher de l’arrivée. Pourtant déjà les premières douleurs se font sentir. Je mise sur les points d’eau pour m’hydrater un maximum (chose que je néglige en temps normal). La plupart des coureurs chopent un verre et boivent en continuant leur course. Et voici mes baskets arrosées par un trop plein de mon voisin qui jette son gobelet encore à moitié plein. C’est dur la vie de coureur !

KM 6 – mon genou m’envoie un message: “courir, ça fait mal, il faut arrêter tout de suite”
Oh ben, non, pas déjà ! Ca va passer. Et ça passe. Le corps humain est formidable avec toutes les hormones et anti-douleurs qu’il sait générer pour supporter les épreuves de la vie.
J’essaie de penser à autre chose. Que vais-je faire de mon dimanche après la course ? Il me reste du repassage – bon ça on oublie, ça ne va pas me motiver pour avancer, nous avons un brunch de prévu avec des amis – ah oui, ça ça motive !
KM 8 – chouette je me rapproche. Je vais finalement réussir à courir la course jusqu’au bout. Mon genou me fait tout de même souffrir. Je ralentis. Dommage ma tête était bien motivée pour accélérer au contraire, mais ça vaut mieux. Je slalome de nouveau pour éviter ceux qui n’en peuvent plus. Et plutôt que de se mettre sur le coté, et ben non, ils s’arrêtent en plein milieu. Parfois je vous jure, des biscotos mais pas de cervelle.

La grande roue ou se trouve l’arrivée est en vue. Petit à petit l’animateur se fait entendre de plus en plus fort. Je sais déjà que les 60 premières minutes se sont écoulées. Allez, une deux, une deux, encore un effort. La ligne d’arrivée est désormais en vue. Naturellement tous accélère le pas pour gagner quelques secondes dans un regain d’énergie. Je fais de même. Les derniers mètres. Je fais risette au photographe posté sur le coté, genre Je ne suis même pas fatiguée – fingers in the nose, et Hourra ! I did it ! 1h09min. Moins les premières secondes le temps de passer la ligne de départ, je compte…allez 1h08min.
Le résultat sur le site internet me donnera finalement un bien meilleur temps puisque j’ai fait en réalité 59min et 27 sec. Super !!! Moins de 1heure !
En fait il y a eu deux departs pour espacer les participants et je faisais partie du 2eme groupe.


Je suis donc plutôt très satisfaite de ma performance. Oui, bon, j’ai un peu les chevilles qui enflent mais comme personne n’était là pour me congratuler, il faut bien que je me congratule toute  moi même !
Je continue de suivre le flot. On me coche (le dossard), médaille, banane et bouteille d’eau. Je visite un peu les stands, massage, sponsors, promo pour les autres courses. Personne au point infirmerie, c’est plutôt bon signe. Il faut dire qu’on nous avait bien fait la moral sur la pré-course et les recommandations en terme d’hydratation et de “Run safely”.


C’est toujours un plaisir de faire ce genre d’évènement dans le CBD. J’aime cette ville, l’architecture.

Un jeune homme m’aborde en anglais, un Singapourien qui veut me remercier car il a suivi mes pas tout au long de la course, le motivant pour avancer. Il continue en français voyant à mon accent que je suis française. Surprenant de voir un asiatique qui connaissent quelques mots de notre langue et surtout qui s’intéresse à notre culture.
J’aime ce genre d’échanges. Quelques mots anodins entre deux étrangers. Ca ne débouchera sur rien, c’est purement gratuit, mais très amical.

Je rentre à pied tout, tout doucement à travers la ville qui se réveille. Les quelques touristes en terrasse du Fullerton hôtel qui prennent leur petit déjeuner, les odeurs de nouilles sautées en passant devant le food-court, certains chinois dits les “vieux” qui font leur tai-chi matinal dans le parc,…

Bon dimanche !  

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